mercredi 5 août 2009

A ceux qui n'entendent rien à la politique

A ceux qui n’entendent rien à la politique….



Et qui veulent quand même en parler !




J’ai la manie de vouloir débattre de tout. Pour le plaisir de philosopher, pour l’exercice de réflexion. Nous sommes nombreux à penser que l’échange et le partage des idées est l’une des sources majeures d’évolution. Aujourd’hui, la Vilaine, souhaiterait faire la nique aux élitistes et aux sectaires de la pensée. Y’en a pas mal. Certains sont même mes amis !
Alors, je m’érige en tant que défenseur des intervenants chroniques ; je désigne par là les individus, qui OSENT se mêler de conversations intellectuelles alors qu’ils ne regardent même pas Arte et qu’ils daubent le film Tchèque primé à Cannes !!! Récemment, alors que je passais une agréable soirée entre amis, l’un d’eux lance la conversation sur Obama. S’en est suivie une joute verbale emplie de résultats de sondage, d’appréciations purement politiques et des suspicions concernant la venue du Messie. Beaucoup entachaient son élection en y apposant des doutes : est-il sincère ? Est-il aussi corrompu que ses collègues ? Et d’abord, hein, est-il vraiment Musulman ou est-ce pour l’image ?....
Je répondrais : peu importe….
On peut ressentir la Politique sans avoir sa carte du parti[1] ou se gaver comme une oie (animal peu réputé pour son quota neuronal) d’informations subjectives. J’avoue, non sans honte, que oui ; c’est vrai ; je n’ai quasiment aucun souvenir de l’initiation « politique » diffusée par bribes en cours « d’Histoire - Géographie ». J’étais davantage intéressée par la phase « Antiquité romaine - Cours de civilisation - descriptions animées de scènes historiques » que par celle « Naissance des républiques - Politique Européenne de 1980 à nos jours ». C’est là, je trouve, le gros défaut, de l’enseignement d’un domaine déjà rébarbatif et expliqué comme si on lisait l’annuaire de l’île de France en commençant par le A (c’est mieux) !
Ayant dormi pendant mes 7 années de latin, j’ai toujours cru que le mot « Politique » avait un vague lien, au moins étymologique, avec le Peuple soit « Populus ». Et bien non mes amis, ce mot a tout à voir, au contraire, avec sa version hiérarchisée et contrôlée: le gouvernement, l’état. « Politicus » signifie « ce qui est relatif à l’état » ! Excusez-moi du peu, je croyais que tout avait à voir avec le Peuple, qui est « Peuple » avant d’être « Etat ». Pour étayer mes propos, revenons-en à notre cher Gaffiot qui définit le terme « Status » (l’état) de façon édifiante : « debout ». Voilà.
Le cadre, si j’ose dire, est posé. Le Peuple est l’ébauche grossière, le brouillon, de cette forme aboutie. On a taillé le diamant. On maîtrise, on poli les gens pour en faire de tous petits maillons. Ma démonstration me sert à souligner le gros, gros, très gros, paradoxe de la Politique et de ses affaires : elles sont déconnectées du Peuple. C’est fort dommage. Et si on vulgarisait un tantinet le discours pour expliciter les enjeux en course à la communauté, enfin ?
A chaque élection, l’on entend les voix bourgeoises s’élever en criant au scandale, parce que si on en est là, et bien c’est la faute à tous ces incultes qui s’informent dans des feuilles de choux justes bonnes à échouer sur les banquettes sales du Métro. Certes.
Autant lâcher les mots tout de suite, amis lecteurs, nous pensons tous à ces « sous – medias », dont se gavent nos amis les Gaulois ! Quelqu’un m’a reproché, un jour, de me contenter de lire « Courrier International » pour me mettre au courant de l’actualité mondiale. Moi qui trouvais ce journal excellent pour la pertinence de ses articles et pour son exhaustivité, je fus dépitée. En effet, rien ne vaut LCP, LCI ou Arte ; rien non plus, Le Monde et Le Figaro. Les lecteurs moins sectaires sont vus d’un mauvais œil. De quoi se mêle t-on ? De notre histoire, peut-être….
Si, comme beaucoup, je suis allergique aux dissertations politiques de la presse amidonnée; soyons francs, c’est parce que elles sont désespérantes de fadeur! Des articles soporifiques, laconiques, des exposés sans vie, une plume empoisonnée qui contamine les textes. La langue de bois est ce qui a fondé et détruit la Politique contemporaine, c’est son morpion !![2] Transmises avec aussi peu de fougue et de naturel, les affaires de l’état font s’alourdir les paupières des citoyens les plus curieux. L’une des stratégies de nos dirigeants pour éviter que les beaufs ne s’emmêlent, c’est le dégoût !!![3] Encore, une fois, le Peuple a l’impression que ce jeu se fait sans lui. Idem à la télévision. N’oublions pas, frétillants téléphages, la période bénie des débats. Aaahh, les débats ! Et moi, la Vilaine, qui me plains de ne pas avoir de clés pour ouvrir la porte du gouvernement !! Vous savez, ces échanges cordiaux, lorsque les participants se crachent fiel et postillons au visage pendant que des milliers de français, tremblants d’inquiétude pour leur sort attendent un semblant de proposition... Je peux comprendre qu’on se documente sur un évènement politique, je suis pour lire en détail et, comme pour les contrats d’embauche, toutes les lignes, des programmes des candidats ; mais, assister à la dispense d’un baratin d’énarque !!!! Je me souviens d’un temps, où, les personnalités politiques jouissaient d’un vrai charisme et celui-ci rendait les débats riches. On se souvient de politiciens comme Mitterrand, Chirac, même Allègre ou Tapie, qui, chacun dans leur style avaient au moins le mérite d’avoir une certaine liberté d’expression… à défaut d’être jeunes.
De nos jours, les hommes politiques ont autant de relief qu’une palourde mâle de 6 mois : aucun. Ils sortent des mêmes écoles, ont appris des mêmes mentors, manipulent un langage similaire. Phénomène qui peut engendrer, d’ailleurs, des clones !!! Nous en avons une paire plutôt édifiante : Berlusconi et Sarkozy. Vous voyez ? Le souci du formatage, c’est que ça ne formate pas que du bon, les jumeaux méphistophéliques sont là pour en témoigner !
C’est à travers ce regard naïf, j’en conviens, que j’ai vécu, euphorique, l’apparition d’un Barack Obama. Je ne sais pas si il va coller au portrait idyllique que les médias ont dressé de lui, et non, je ne sais pas le Dieu qu’il prie ou ses obédiences culturelles, son rang dans sa promotion lorsqu’il est sorti de Harvard (notons, en passant que Nicolas a fait ses études à Paris X). Je sais une chose : cet homme a compris que rien ne se fait sans l’appui populaire.
J’ai toujours pensé les chefs d’états comme des guides. Parce que, sauf surprise, je ne pense pas être conviée au prochain G8 afin de donner mon avis! Je perçois donc, du haut de mon inculture, ces hommes, comme des intermédiaires nécessaires entre le gouvernement et le Peuple, comme des agents fédérateurs. Des hommes et des femmes aux personnalités extraordinaires, charismatiques, éloquents. Ah nostalgie, quand tu nous prends ! Jadis, la Politique était un exercice allié à l’excellence linguistique, une pratique réservée à peu d’élus. A n’en pas douter, Cicéron doit se retourner dans sa tombe et Socrate se jeter hystérique sur sa ciguë! Je sais, amis lecteurs, il faudrait qu’on en touche deux mots au charretier qui nous tient lieu de président et qui s’exprime aussi bien que Gérard, mon cousin, surnommé « Gégé Q.I de poulet »[4]. Forcément, à côté, l’arrivée d’Obama au pouvoir passe pour une bénédiction : un homme politique jeune, gracieux et intelligent. Une honte indélébile pour nous Français, qui avons hérité d’un intermittent du spectacle et prions pour que l’adjectif soit approprié! Obama a déjà réussi son contrat : il a rassemblé le monde entier autour de ses mots. Il y a si longtemps que les hommes ne s’étaient réunis autour d’un seul homme et que leur regard n’avait convergé vers une même direction.
Vous, moi, qui sommes issus d’un contexte historique, politique, social, pourri comme les yaourts de mon frigidaire ; devrions clamer « Thank’s God » !!! Je pourrais enfin dire à mes petits chômeurs, pardon, enfants, que je n’ai pas connu que la guerre au Koweït, en Irak, le Sida, les pandémies, la mort de Kurt Cobain, Loft Story, la montée de l’extrême droite…. Je pourrais leur dire, aux morveux, que Mémé a assisté à l’élection du premier président Noir Américain ; et que si ce continent jouit d’une suprématie mondiale, ce qu’on ne peut ni nier, ni combattre, il peut l’influencer dans un sens qui soit juste pour tous.

M. Obama, peut, d’un geste ou d’un mot capter l’attention de milliers d’individus.
J’ai en tête cette photo, qui du reste, est déjà célèbre, d’un homme imperturbable face à un océan humain. Lui, tout seul, face au Peuple. Un peu messianique ? Sans nul doute.
C’est là, peut-être, que se situent les deux seuls bienfaits communs de la Religion et de la Politique : donner espoir et rassembler. Par contre, rappelons que les chefs d’état ne sont pas faiseurs de miracles et je doute que Barack et Jésus aient fréquenté tous deux Harvard ! Je précise la chose pour ceux qui sont déjà en train de fustiger contre le président américain. Même Libération étalait ses pseudos échecs, ses promesses non tenues et la descente dans les sondages… On annonce d’ores et déjà la chute de celui qui vient juste de s’envoler. Il me semble facile de critiquer l’ego souvent surdimensionné de ces hommes tout en les érigeant en dieux ! Obama ne porte pas l’Amérique sur son dos frêle ; ses électeurs savent, eux, que ce n’est pas lui qui fixe les règles et établit les lois.
J’apprécie ce personnage parce qu’il se contente de sa condition humaine ; si celui qui fait battre la mesure change de rythme, et impose au Monde une partition de tolérance et de paix, je veux bien suivre la cadence !

A quand pour la France ?? [5]

LV



[1] Terme anachronique qui eût désigné les subdivisions et les courants distincts en Politique. N’est plus employé.
[2] Attention, certains en cravatés capitalistes en raffolent. D’avance, pardon.
[3] Idem pour la chasse et la pêche, qu’on oublie trop souvent.
[4] Cf à la Poule, soit « gallinea » (lat.), animal à la stupidité notoire.
[5] Si vous désirez obtenir une version réaliste et mature de cet article, svp contacter les archives de LCP. Merci

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